Les systèmes éducatifs sont en crise partout sur la planète. Voici comment ils se relèveront

Education systems are in crisis around the world, affecting more than 1.5 billion learners in 188 countries. According to UNESCO, the consequences will be significant.
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Patrick Charland , University of Quebec at Montreal (UQAM) ; Olivier Arvisais , University of Quebec at Montreal (UQAM) , and Tegwen Gadais , University of Quebec at Montreal (UQAM)

The current Covid-19 crisis, which is hitting everywhere, is certainly extraordinary. No other crisis has affected so many countries in recent decades. According to UN Secretary General Antonio Guterres, it is even the worst crisis since World War II.

The consequences are multiple: an almost complete paralysis of the economy, transport, or educational systems. Schools, places conducive to viral transmission , are closed. Education systems are in crisis around the world, affecting more than 1.5 billion learners in 188 countries.

According to Unesco, the consequences of this crisis are significant: interruption of learning, issues of food security, reduction of the safety net for children, lack of preparation of parents in the face of home schooling, exacerbation of inequalities, economic costs linked to forced parental leave of work, risk of increased dropout rates.

Beyond its roles of instruction, socialization and qualification of learners, the school plays many other roles in a society.

As researchers at the Unesco Chair of Curricular Development , we have observed that educational crises evolve in a relatively organized manner. Thus, in order to anticipate the stages to come, it is relevant to present a model which places the phases of an educational crisis on a continuum. This model is the result of our work and projects, supporting, to varying degrees, post-crisis education systems (coups d’état and armed conflicts) in Africa, South America and the Middle East.

It is obviously desirable for the health crisis to be resolved quickly and for education systems to return to “normal”. However, in the light of our experience, but also of knowledge in the field of education in emergency situations, we hypothesize that the process of returning to normal will take place in very distinct phases.

As this figure shows, the crisis continuum is broken down into five phases, from the crisis to the stable and institutionalized system, including the emergency, recovery, reconstruction or development phases.

What is a crisis?

La crise est définie comme un évènement soudain et imprévu qui désorganise le fonctionnement d’un système de manière rapide. Il s’agit d’une situation qui impose des prises de décisions importantes dans un court laps de temps et qui dépend d’un certain nombre de variables : la nature de l’évènement, son importance pour les gouvernements étrangers et locaux et son impact sur les autres organisations, entreprises ou industries.

La crise est souvent associée à la panique, la peur, le danger ou le choc et peut arriver à n’importe quelle organisation. En fait, il n’y a pas de définition universelle ou consensuelle de ce qu’est une crise et il n’existe pas de critères non plus pour la définir.

L’urgence

La phase d’urgence représente l’état global qui suit un évènement soudain et généralement imprévu. Elle appelle à des mesures immédiates pour répondre aux besoins de subsistance de base et sauver des vies.

En rétrospective, les premières semaines de la pandémie à Covid-19 se sont inscrites dans cette phase : les gouvernements ont d’abord mis en place diverses mesures de confinement, dont la fermeture des écoles, sans présenter de plan d’action.

Le relèvement

Cette phase vise en premier lieu la restauration de la capacité d’un gouvernement et des communautés à se réorganiser, pour prendre des actions permettant de se remettre de la crise, mais aussi, et c’est crucial, pour éviter les rechutes.

La phase de relèvement est donc caractérisée par la mise en place d’activités temporaires qui permettront aux acteurs du système éducatif de se remettre en action.

Par exemple, après quelques jours ou semaines passées dans l’urgence, plusieurs systèmes ont annoncé des mesures éducatives temporaires pouvant permettre la continuité des apprentissages. Par exemple, le gouvernement du Québec a mis en place un portail diffusant une liste de ressources pédagogiques permettant aux parents de garder leurs enfants actifs.

Le portail L’école ouverte lancé par le ministère de l’Éducation du Québec permet aux élèves des niveaux primaires et secondaires de poursuivre leurs apprentissages.

La reconstruction

Alors que la phase de relèvement concerne les mesures à court terme, la reconstruction porte sur l’ensemble des activités qui visent à remédier aux impacts négatifs de la crise sur les systèmes éducatifs » par la crise à moyen ou à même long terme.

Tandis que les activités de relèvement sont souvent mises en place à la hâte, les activités de reconstruction tendent à être davantage institutionnalisées. Qu’elles soient mises en place pendant ou après la crise, ces activités visent à atténuer certaines des conséquences de la crise elle-même.

Par exemple, dans la réponse à la Covid-19, de nombreux systèmes éducatifs ont mis en place des modalités, encore temporaires, de formation à distance, que ce soit par des courriels envoyés aux familles, des environnements numériques d’apprentissages ou des émissions éducatives à la radio ou à la télé.

Le développement

Surtout présente dans les pays émergents, la phase de développement vise l’amélioration globale d’un système éducatif. Elle implique des mesures de renforcement des capacités de ses acteurs et concerne, par exemple, des activités de refonte des programmes d’études, de formation des enseignants, ou de diverses réorganisations des structures de gouvernance éducative.

Image prise dans le camp de Dadaab, au Kenya, lors d’un projet de recherche sur l’accès au programme d’éducation accélérée.
Olivier Arvisais

Il y a fort à parier que la pandémie actuelle engendrera une prise de conscience internationale quant à la fragilité de tous les systèmes éducatifs, même pour ceux qui étaient réputés comme stables et bien institutionnalisés. La Covid-19 nous place maintenant face à la nécessité de revoir entièrement nos systèmes éducatifs et prévoir des plans d’action pour mieux faire face à ce genre de crise à l’avenir.

L’institutionnalisation

En termes de finalité, tout système, aussi perfectible soit-il, vise à atteindre la phase de l’institutionnalisation. Celle-ci constitue le résultat des divers processus de formalisation, de pérennisation, de structuration et d’acceptation d’un système de relations sociales au sein d’un État.

La crise dans laquelle la pandémie nous a précipités nous amène à nous questionner sur la nécessité ici, mais aussi ailleurs, de revoir l’institutionnalisation de nos systèmes éducatifs afin de les rendre plus résilients.

Bien que la présentation de ces phases se soit effectuée en étapes, le contexte actuel nous permet d’insister sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un processus linéaire. Il s’agit plutôt d’un cycle récursif où des systèmes peuvent passer de la phase d’urgence à l’institutionnalisation, puis rapidement retourner à la phase d’urgence dans des progressions parfois chaotiques et rarement prévisibles, comme le montre la présente pandémie.

La fragilité des systèmes

L’actuelle pandémie révèle la fragilité de plusieurs systèmes éducatifs. Même après avoir vécu ou été témoins de catastrophes environnementales, de conflits armés ou d’épidémies comme celles du SRAS (2001), du H1N1 (2009) ou de l’Ebola (2013-2016), très peu de pays étaient véritablement prêts à faire face à la présente crise.

Ainsi, devant l’éventualité de « saisons » de la Covid-19, les systèmes éducatifs doivent entrer dans une nouvelle phase de développement. Comme pour l’économie, des analyses profondes seront nécessaires pour évaluer l’efficacité des diverses mesures gouvernementales. Il est essentiel que les chercheurs s’intéressent à la situation vécue par les apprenants, leurs familles et leurs enseignants. Il sera d’autant plus pertinent de croiser ces données avec les stratégies de reprise scolaire menées à l’automne et d’en évaluer leurs impacts sur la réussite des élèves l’an prochain.

Plusieurs mesures devront aussi être mises en place, comme des plans d’action de l’éducation en situation de crise, des révisions des programmes de formation du personnel enseignant ou la mise en place d’infrastructures technopédagogiques d’enseignement à distance qui pourront rapidement être déployées dans le futur.

Sans ces plans d’action, les systèmes éducatifs sont condamnés à revivre les phases de l’actuelle crise éducative.The Conversation

Patrick Charland , Full Professor, Department of Didactics, University of Quebec at Montreal (UQAM) ; Olivier Arvisais , Professor, Department of Didactics, University of Quebec at Montreal (UQAM) , and Tegwen Gadais , Professor, Department of Human Kinetics , University of Quebec at Montreal (UQAM)

This article is republished from The Conversation under a Creative Commons license. Read the original article .

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